Contrainte : La méthode Cendrars
50 ans après sa publication, un chercheur s'est aperçu que le recueil "Kodak" de Blaise Cendrars était entièrement composé de phrases tirées du "Mystérieux docteur Cornélius" de Gustave Le Rouge. A partir d'une page de ce livre, composez vous aussi un bref poème.
Texte original :
Les bandits du quartier chinois
Bien que le
Grizzly-Club eût installé ses locaux au trente-deuxième et dernier étage d’un
gratte-ciel tout récemment édifié, ceux qui en faisaient partie avaient la
jouissance d’un magnifique parc que l’on eût pu, à certains égards, comparer
aux jardins suspendus de Babylone, construits par la reine Sémiramis. Ce parc
avait été, en effet, installé sur le toit même, disposé en terrasse et
recouvert d’une épaisse couche de bitume.
Pendant des
semaines les ascenseurs avaient hissé des caisses pleines de terre végétale.
Enfin, à force d’argent et de patience, d’ombreux bosquets s’épanouissaient
maintenant au-dessus des pelouses d’un vert tendre que séparaient des allées sablées.
Une source vive fuyait en serpentant à travers les gazons d’où s’élevaient des
massifs de rhododendrons, de camélias et d’orangers.
Dans ce
jardin, magiquement éclos au faîte du monstrueux édifice de brique et d’acier,
il régnait, même aux plus brûlantes journées de la canicule, une exquise
fraîcheur. Nonchalamment étendus dans leurs rocking-chairs, ou vautrés dans des
fauteuils de rotin colorié, les membres du club pouvaient, dans l’encadrement
verdoyant des feuillages, admirer le vaste panorama de la baie de New York, les
gigantesques édifices de la ville, l’Hudson couvert de navires et la grandiose
statue de la Liberté dont le flambeau s’allume au crépuscule.
Mais c’était
surtout le soir, quand les massifs s’éclairaient de milliers de petites lampes
électriques bleues et vertes, que le parc du Grizzly-Club présentait un aspect
féerique ; accoudés aux balustrades en marbre, les clubmen pouvaient alors
admirer
les
titaniques amoncellements d’édifices dont les silhouettes se détachaient sur un
fond de lumière crue, tandis qu’au loin les vagues de l’immense Atlantique
étincelaient doucement aux rayons de la lune, et que l’innombrable flotte
ancrée près du rivage balançait, au gré de la brise nocturne, la forêt des
mâtures illuminée de fanaux multicolores.
Aux attraits
de ce panorama unique au monde s’ajoutaient d’autres tentations moins
poétiques. Des barmen, vêtus de blanc et graves comme des diplomates, faisaient
circuler, sur des plateaux d’argent au chiffre du club, toute la redoutable pharmacie
des boissons américaines, les mint-julep parfumés comme
un bouquet de fleurs sauvages, le traîtreux milk-mother (lait
maternel), le prairy-oister (huître de
prairie), providence des ivrognes, et l’infaillible et définitif nigh-cap
(bonnet de nuit).
Tel était
l’endroit que fréquentait de temps en temps le milliardaire Fred Jorgell,
directeur de la Compagnie des paquebots Éclair.
Ce soir-là,
il s’y était rendu en compagnie de son secrétaire particulier, un Français célèbre dans son
pays comme poète, et qui, après de nombreuses aventures, avait fini par
attacher définitivement sa fortune à celle du milliardaire.
Fred Jorgell
avait dans Agénor Marmousier la plus entière confiance et il le traitait
beaucoup plus en ami qu’en employé.
Tous deux
s’étaient installés sous un magnolia, en face d’un petit guéridon de marbre et,
tout en savourant une coupe d’extra-dry, faisaient une partie de damier. Ce jeu
méditatif était le seul auquel le milliardaire se fût jamais livré ; il
trouvait dans ses combinaisons simplistes un dérivatif aux fatigants calculs que
nécessitaient ses spéculations.
Le
mystérieux docteur Cornélius (Gustave Le Rouge)
Textes des élèves :
Jouissance d’un magnifique parc
Jardins suspendus de Babylone
Une source vive fuyait en serpentant à travers les gazons,
D’où s’élevaient des massifs de rhododendrons, de camélias
et d’orangers.
Dans ce jardin, régnait aux plus brûlantes journées de la
canicule,
Fraîcheur féerique,
Les silhouettes se détachaient sur un fond de lumière crue,
Ce panorama unique au monde,
Tentations poétiques.
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Une source vive
Fuyait en serpentant
La brise nocturne ;
La fôret des matures.
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Jouissance d’un magnifique jardin de Babylone,
De nombreux bosquets s’épanouissaient.
Ma vie qui était lente et morne,
Maintenant elle me fait rêver.
Dans ce jardin
magiquement éclos,
Verdoyant de feuillage
La liberté dans le flambeau
Comme au début des âges
Panorama unique au monde
Servis sur un plateau d’argent
Mon humeur n’est plus furibonde
Et mon cœur est enfin
vivant
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Quand les massifs s’éclairaient
De milliers de petites lampes électriques,
Et d’autres tentations moins poétiques,
Tous faisaient une partie de damier.
Aux plus brûlantes journées de la canicule,
Dans l’encadrement d’ombreux bosquets,
Le flambeau s’allume au crépuscule,
Les vagues de l’immense Atlantique étincelaient
Tel était l’endroit que fréquentait le milliardaire,
Accoudé aux balustrades sur un fond de lumière.
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Au trente-deuxième et dernier étage d’un petit guéridon de
marbre méditatif, le flambeau s’allumait au crépuscule.
Les jardins suspendus de Babylone, s’épanouissaient sous une
couche de bitume, par une exquise fraîcheur au gré de la brise nocturne.
Des combinaisons simplistes s’ajoutaient à l’aspect féerique
des milliers de petites lampes électriques bleues et vertes.
La forêt des graves présentait d’ombreux bosquets des allées
sablées comme un bouquet de fleurs traîtreux.
Des diplomates fréquentaient la Compagnie des paquebots
pour rendre de nombreuses aventures.
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