29 mars 2012

Atelier numérique du 2 Mars ( Poème composé à partir d'un page du Mystérieux Docteur Cornélius - fin)

Contrainte : La méthode Cendrars

50 ans après sa publication, un chercheur s'est aperçu que le recueil "Kodak" de Blaise Cendrars était entièrement composé de phrases tirées du "Mystérieux docteur Cornélius" de Gustave Le Rouge. A partir d'une page de ce livre, composez vous aussi un bref poème.

Texte original : 


Les bandits du quartier chinois

Bien que le Grizzly-Club eût installé ses locaux au trente-deuxième et dernier étage d’un gratte-ciel tout récemment édifié, ceux qui en faisaient partie avaient la jouissance d’un magnifique parc que l’on eût pu, à certains égards, comparer aux jardins suspendus de Babylone, construits par la reine Sémiramis. Ce parc avait été, en effet, installé sur le toit même, disposé en terrasse et recouvert d’une épaisse couche de bitume.
Pendant des semaines les ascenseurs avaient hissé des caisses pleines de terre végétale. Enfin, à force d’argent et de patience, d’ombreux bosquets s’épanouissaient maintenant au-dessus des pelouses d’un vert tendre que séparaient des allées sablées. Une source vive fuyait en serpentant à travers les gazons d’où s’élevaient des massifs de rhododendrons, de camélias et d’orangers.
Dans ce jardin, magiquement éclos au faîte du monstrueux édifice de brique et d’acier, il régnait, même aux plus brûlantes journées de la canicule, une exquise fraîcheur. Nonchalamment étendus dans leurs rocking-chairs, ou vautrés dans des fauteuils de rotin colorié, les membres du club pouvaient, dans l’encadrement verdoyant des feuillages, admirer le vaste panorama de la baie de New York, les gigantesques édifices de la ville, l’Hudson couvert de navires et la grandiose statue de la Liberté dont le flambeau s’allume au crépuscule.
Mais c’était surtout le soir, quand les massifs s’éclairaient de milliers de petites lampes électriques bleues et vertes, que le parc du Grizzly-Club présentait un aspect féerique ; accoudés aux balustrades en marbre, les clubmen pouvaient alors admirer
les titaniques amoncellements d’édifices dont les silhouettes se détachaient sur un fond de lumière crue, tandis qu’au loin les vagues de l’immense Atlantique étincelaient doucement aux rayons de la lune, et que l’innombrable flotte ancrée près du rivage balançait, au gré de la brise nocturne, la forêt des mâtures illuminée de fanaux multicolores.
Aux attraits de ce panorama unique au monde s’ajoutaient d’autres tentations moins poétiques. Des barmen, vêtus de blanc et graves comme des diplomates, faisaient circuler, sur des plateaux d’argent au chiffre du club, toute la redoutable pharmacie des boissons américaines, les mint-julep parfumés comme un bouquet de fleurs sauvages, le traîtreux milk-mother (lait maternel), le prairy-oister (huître de prairie), providence des ivrognes, et l’infaillible et définitif nigh-cap (bonnet de nuit).
Tel était l’endroit que fréquentait de temps en temps le milliardaire Fred Jorgell, directeur de la Compagnie des paquebots Éclair.
Ce soir-là, il s’y était rendu en compagnie de son secrétaire  particulier, un Français célèbre dans son pays comme poète, et qui, après de nombreuses aventures, avait fini par attacher définitivement sa fortune à celle du milliardaire.
Fred Jorgell avait dans Agénor Marmousier la plus entière confiance et il le traitait beaucoup plus en ami qu’en employé.
Tous deux s’étaient installés sous un magnolia, en face d’un petit guéridon de marbre et, tout en savourant une coupe d’extra-dry, faisaient une partie de damier. Ce jeu méditatif était le seul auquel le milliardaire se fût jamais livré ; il trouvait dans ses combinaisons simplistes un dérivatif aux fatigants calculs que nécessitaient ses spéculations.

Le mystérieux docteur Cornélius (Gustave Le Rouge)


 Textes des élèves :


Une épaisse couche de bitume fuyait en serpentant à travers les gazons, comme un bouquet
de fleurs sauvages. Le vert tendre des petites lampes électriques avait fini par attirer
les spéculations. Des plateaux d’argent faisaient circuler huîtres de prairies et bonnets de nuit.
Tous deux s’étaient installés sous un magnolia avec une coupe d’extra-dry, savourant ce jeu méditatif.

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ciel tout récemment édifié,
jouissance d’un magnifique vert
pouvaient alors admirer la redoutable milliardaire
vautrés dans des fauteuils de rotin colorié

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Les jardins suspendus de Babylone
Au dernier étage d’un gratte-ciel
où s’épanouissaient des ombreux bosquets
des massifs de rhododendrons, de camélias et d’orangers
fuyait les vagues de l’immense Atlantique

Dans ce jardin,
rocking-chairs fauteuils de rotin
le flambeau s’allume au crépuscule
Une source vive fuyait
au-dessus des pelouses d’un vert tendre

La baie de New York
comme un bouquet de fleurs sauvages
recouvert d’une épaisse couche de bitume
Tel était l’endroit que fréquentait
Le mystérieux magnolia

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Monstrueux éclair sur le bitume, la ville de New York s'allume.
La statue et la liberté se détachaient sur fond de lumière crue, électrique.
La statue de la Liberté régnait sur ce panorama  et sur les vagues de l’Atlantique.

Un éclair gigantesque sur la ville et New York  s’allume.
La statue de la Liberté électrique régnait sur ce panorama et sur les vagues de l’Atlantique.

Des pelouses d’un vert tendre se détachaient de New York,
le grizzly hissé sur le toit d’un gratte-ciel régnait sur ce panorama unique au monde :
au loin les vagues, la lune et la foret.

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Le Greezly, recouvert d’une épaisse couche de terre,
Fuyait la canicule au crépuscule.
Installé sous un oranger, il pouvait admirer la forêt.
Ce jeu auquel il se livrait était plus que féérique.
Il était poétique.

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